L’objectif de la dissertation juridique va être de problématiser un sujet de droit autour d’axes de réflexion, sans que cela ne constitue une simple redite de votre cours. Votre réflexion devra vous faire prendre de la hauteur sur la matière autours d’idées forces (fruits de vos connaissances), afin de les mettre en perspective.
Dans cet exercice, il est important de bien diviser votre travail en deux phases: la phase du brouillon et la phase de rédaction.
La seconde phase d’écrit ne devra en effet être entamée qu’après la première phase terminée, puisqu’elle représente votre temps de réflexion.
La phase du brouillon
Lecture du sujet et travail préparatoire:
Beaucoup d’étudiants pensent gagner du temps en se dirigeant immédiatement dans la mobilisation de leurs connaissances dès la lecture du sujet. En réalité c’est souvent l’inverse qui est constaté: ne pas prendre le temps d’analyser chaque mot du sujet peut vous amener à vous rendre compte trop tard d’être passé à coté du sujet.
Ainsi, si les mots clés doivent déjà vous évoquer des notions et des définitions, il conviendra de vous attacher notamment aux conjonctions de coordination ou aux prépositions. Le mot “et” serait par exemple à différencier de “ou” dans l’analyse d’un sujet, tout comme “du” à “de” (ex: obligation du conseil / obligation de conseil). De même un pluriel pourra être différent dans l’interprétation du sujet à terme identique utilisé au singulier,…
Une fois l’indispensable analyse de chaque mot effectuée, il convient alors de bien cerner le sujet. Vous aurez pris soin d’avoir défini chaque mots clés du sujet au brouillon, (définitions que vous pourrez réutiliser par la suite lors de votre introduction), mais aussi de poser de manière “automatique” toutes les idées/notions auxquelles vous font penser ces mots clés. Il convient à ce stade de mobiliser uniquement votre “matière grise” et de faire remonter vos souvenirs (juridiques ou non) en lien avec le sujet.
L’analyse des termes et de vos connaissances effectués, vous commencez à saisir l’enjeu du sujet et pouvez désormais vous autoriser à ouvrir votre code et à procéder à une recherche des articles en lien avec le travail que vous venez d’effectuer. Vous constatez très certainement à ce stade que vos connaissances se recoupent avec ces articles et que ceux-ci viennent même les complèter. Vous êtes sûrement sur la bonne voie!
Mais de la même façon, prenez le temps de replacer chaque article pertinent dans son contexte (historique, jurisprudentiel, place dans le plan du code,…) pour faire mûrir votre raisonnement.
Aidez-vous à cette fin des outils fournis par votre code (date des derniers amendements, titre des articles de doctrine figurant sous l’article en question, plan des annotations jurisprudentielles, … avant de passer à la lecture des jurisprudences).
La problématique et le plan:
De par ce travail, vous commencez à avoir une vue générale du sujet. Il convient maintenant de vous interroger sur le “pourquoi” du sujet et donc de le problématiser afin de faire comprendre à votre correcteur que vous bénéficiez d’un recul sur la matière.
Pour cela vous devez reprendre les éléments d’ores et déjà posés au brouillon et essayer de chercher s’il est possible de les regrouper entre-eux: De les regrouper en deux “paquets” qui pourraient se completer, s’opposer,… de façon à déterminer en même temps un angle d’attaque à votre problématique. Si besoin, vous pouvez les regrouper sous forme d’un tableau ou d’un schéma.
Vous parvenez alors à ce stade à dégager votre problématique tout en ayant deux axes majeurs qui se dessinent au sein de vos éléments de brouillon. Il convient désormais d’organiser formellement vos idées en un plan sous traditionnelle la forme de “deux parties / deux sous-parties” (I. A. B. / II. A. B.).
Attention aux titres que vous choisissez qui sont d’une importance au moins égale à vos développements. Ces derniers doivent à leur simple lecture renseigner votre correcteur sur vos développements. Gardez en tête que votre correcteur corrige plusieurs copies à la suite et que le dernier coup d’œil qu’il jettera à votre copie sera sûrement votre plan afin de se remémorer votre pensée. De bons développements confortés par un plan logique vous fera terminer sur une note positive.
De plus retenez que le cœur de vos développements doit se situer aux I. B et II. A, c’est-à-dire en cœur de devoir. Il sera en effet plus facile pour votre correcteur d’être indulgent si votre devoir manque de souffle sur son début ou sa fin qu’en plein milieu.
Notez qu’en cas de manque d’inspiration il vous est toujours possible de raccrocher vos développements aux plans “bateaux” de la matière que vous vous assurerez de connaître avant un examen, afin de ne pas perdre de précieuses minutes lors de la réflexion quant à l’orientation à donner à votre dissertation juridique (ex: Principes/Exceptions; Conditions/Effets; Fondement/Portée,…).
La phase de rédaction
L’introduction:
Si le plan peut être le dernier coup d’œil de votre correcteur à votre devoir afin de se remémorer votre copie, l’introduction en est sa première approche.
Aussi, il convient de la soigner et d’adopter la technique dite de “l’entonnoir”, c’est-à-dire que vous partirez de considérations générales puis ciblerez de plus en plus votre raisonnement sur votre sujet. Le but de cette technique sera de démontrer à votre correcteur que votre problématique, et donc votre plan, sont “logiques”.
Votre dissertation juridique doit tout d’abord commencer par une phrase d’accroche qui peut être juridique. Mais vous pouvez aussi partir d’un exposé rapide du mouvement juridique, philosophique, ou historique, de notre droit. Le tout, en lien avec le sujet.
Votre devoir amené, il convient ensuite de définir les termes clés de votre sujet. Considérez ainsi que votre correcteur n’est pas juriste et qu’il doit en préalable se faire expliquer les notions clés.
Ensuite, il conviendra de resserrer le goulot de votre “entonnoir introductif” en exposant les questionnements propres au sujet tels que les valeurs qui s’opposent, les contentieux levés par le sujet, ou au contraire le retour à une situation juridique plus stable… Afin de justifier de ces enjeux, vous pouvez utiliser les éléments de connaissances figurant sur votre brouillon et ne trouvant pas de place au sein de votre plan.
Les enjeux du sujet mis en exergue, vient enfin la phase d’annonce de la problematique et du plan, ultime étape avant de vous diriger vers la rédaction de votre dissertation juridique.
Le corps du devoir:
De manière générale prenez soin, lors de la rédaction de votre dissertation juridique, de bien annoncer chaque sous-parties par des chapeaux introductifs (ex: Il conviendra de s’attarder tout d’abord sur… (A), alors que dans un second temps nous envisagerons… (B)). Dans la même idée et pour rendre votre copie plus harmonieuse, il faudra écrire une petite transition entre vos deux parties afin de rappeler la logique de l’articulation de votre raisonnement à votre correcteur (ex: Les premiers termes de nos développements nous ont fait constater… (I). Cependant, notre analyse serait incomplète si nous n’envisagions pas… (II)).
D’un point de vue pratique, ne développez pas plus de deux idées par sous-parties et pensez à étayer celles-ci par des exemples concrets tirés de votre cours. Pensez en outre que chacune des idées doivent se répondre à l’intérieur de vos sous-parties, que chacune des sous-parties doivent se répondre au sein de votre partie, et, de manière identique, que chaque parties doivent se répondre entre-elles.
Dans tous les cas, prenez garde à ce que vos développements soient équilibrés entre vos parties et sous-parties. Soyez aussi attentifs à ce que vos développements représentent environ les 2/3 de votre dissertation juridique. Le reste représentant votre introduction.
Enfin et concernant le temps alloué à la rédaction, sachez que celui-ci doit se situer idéalement aux alentours de la moitié du temps mis à votre disposition lors d’un examen. Ceci afin d’être sûr de la qualité de vos développements (syntaxe, orthographe,…). Il est par ailleurs indispensable de prévoir quelques minutes de relecture afin de corriger les erreurs qui auraient pu vous échapper au sein de votre dissertation juridique.